Synopsis
En quatrième vitesse (1955) de Robert Aldrich et The Flicker (1966) de Tony Conrad appartiennent à deux mondes distincts - le film noir et l’avant-garde radicale, mais développent une même interrogation sur la fonction mortifère de la radiation lumineuse. Chez Aldrich, le mystérieux coffret gainé de cuir dont émane un souffle létal, fonctionne comme une allégorie de la guerre froide et du péril atomique ; il irradie le film d’une sourde inquiétude qui porte chaque geste du détective Mike Hammer, brute paranoïaque sans affects, incarnation de l'Amérique agressive et anti-communiste. Une décennie plus tard, Tony Conrad explore une autre forme d’aveuglement, cette fois directement physique. Dans The Flicker, une pure alternance de noir et de blanc transforme la projection en expérience limite. La lumière stroboscopique déclenche hallucinations, vertiges, pertes de repère : elle n’anéantit pas le monde, mais les sens. Conrad, figure majeure de l’underground, attaque frontalement la passivité du spectateur, faisant de la lumière un instrument politique. Là où Aldrich conjurait la peur de l'apocalypse nucléaire, Conrad installe une guerre intérieure, une déflagration perceptive. De Hollywood à l’avant-garde, le cinéma de la seconde moitié du XXᵉ siècle a fait de la lumière - atomique ou stroboscopique - le vecteur d’une même inquiétude : la possibilité que l’image, soudain, puisse aveugler. / The Flicker (1966, 30 min) de Tony Conrad sera projeté exceptionnellement en 16mm à la suite du film de Robert Aldrich. / Avertissement : le film de Tony Conrad est entièrement composé de séquence de lumière clignotantes susceptibles d’affecter des spectateurs et spectatrices sujets à des crises d’épilepsie photosensible ou à d’autre affections liées à la photosensibilité. / Séance présentée par Rinaldo Censi (écrivain programmateur de cinéma)
Casting
Ralph Meeker, Albert Dekker, Paul Stewart, Cloris Leachman