Synopsis
À première vue, Règlement de comptes (1953) de Fritz Lang et Epileptic Seizure Comparison (1976) de Paul Sharits n’auraient pas grande chose en commun : d’un côté, un film noir hollywoodien (réalisé par un immigré allemand) hanté par les pulsions meurtrières de ses personnages ; de l’autre, un film structurel qui détourne des films médicaux pour transformer la convulsion en matière visuelle. Pourtant, leur rencontre révèle un même symptôme : la manière dont la culture américaine projette sa violence en images, jusqu’à en faire un miroir de ses propres névroses. Chez Fritz Lang, un policier, Glen Ford, irrésistiblement motivé par la vengeance, devient le double héroïque des monstres qu'il pourchasse. Sous la surface lisse de la mise en scène, l’Amérique des années 1950 se reflète : la violence se révèle partout, dans les replis du quotidien. Dans le cinéma expérimental de Paul Sharits, la violence s'exprime autrement : elle traverse les corps épuisés de deux patients filmés pendant une crise d’épilepsie. Synchronisant images médicales, tracés d’ondes cérébrales et sons électroniques, Sharits transforme l'émission des signaux lumineux et sonores en agression sensorielle. Ici, la folie n’est plus fictionnalisée : elle se donne à voir et à entendre dans sa nudité clinique. / Epileptic Seizure Comparison (Paul Sharits, 1976, 34 min) sera projeté exceptionnellement en 16mm à la suite du film de Fritz Lang / Séance présentée par Philippe-Alain Michaud (conservateur, service de collection des films du Musée national d’art moderne, Centre Pompidou)