Synopsis
Dans les années 1950, San Francisco a pu servir de théâtre à la représentation de la face cachée du rêve américain. Dans The End (1953), Christopher MacLaine, figure singulière de la scène Beat, mêle notations autobiographie et références à l'apocalypse nucléaire dans un film expérimental où paranoïa et drogues sont employés comme les signes annonciateurs de la fin du monde. Chaque personnage incarne un destin tragique dans la fable du désastre imminent, portée par à la fois par la parole et la poésie visuelle. À l’opposé, The Lineup (1958) de Don Siegel est un film noir haletant où la drogue n'a pas de fonction symbolique mais devient le sujet de l’intrigue. Suivant deux gangsters déterminés à récupérer des sachets d’héroïne, Siegel filme la violence urbaine avec un réalisme cru et une efficacité formelle remarquable, notamment dans une célèbre séquence de course-poursuite à travers les rues de San Francisco. Ensemble, ces films dressent le portrait d’une ville rongée par les dépendances et les tensions sociales, oscillant entre effroi métaphysique et violence concrète, et révélant sous des formes radicalement différentes les fractures de l’Amérique. / Le film de Don Siegel sera précédé de The End (Christopher MacLaine, 1953, 35 min)